nuit polaire en alsace

Première fois que je viens en Alsace.

TER, TGV, TER, voiture, les paysages défilent.

Haut Rhin, bas Rhin, je déposerais mes valises successivement dans deux villages, chacun posé sur une plaine entourée de champs. Au loin la forêt noire...

Premier village, il fait beau. Je me promène nez au vent. Je suis une route qui débouche sur des champs à perte de vue. Je marche sur un petit chemin en direction de la forêt noire qui borde au loin le paysage. Soudain, au milieu des champs, une chapelle minuscule, colorée, qui m'évoque la maison de Hansel et Gretel. Je m'approche intriguée. Sur le perron, protégé d'un auvent en bois, un banc et à côté, debout, une statue du Christ. Il tient son cœur dans la main comme pour vous l'offrir. Son regard est doux. Visage, corps, mains, pieds, toge, ont été fraichement peints. La porte de la chapelle est fermée. Je pose ma main sur la poignée et à ma surprise la porte s'ouvre ! A l'intérieur tout est méticuleusement agencé. Pas le moindre signe d'usure sur les murs, les tableaux, les sculptures. Aucune poussière ! Je referme la porte et je m'assieds sur un banc face à l'autel. Je me sens bien comme dans un nid douillet. J'ai avec moi dans mon sac ma Kalimba* de poche, celle de secours que j'emporte toujours au cas où la grande rencontre un soucis. Je la sors, laisse courir mes doigts sur les lames. Les notes cristallines résonnent. Je chante. Les paroles Sami s'élèvent vers la vierge à l'enfant. Je souris intérieurement. Ce chant Sami* dans cette chapelle n'est ni provocation, ni "revanche" mais m'apparait soudain comme un pont invisible reliant deux cultures, deux mondes. Un chemin d'altruisme où se rencontrent les morts et les vivants.

Kalimba : instrument de musique que l'on appelle aussi "piano à pouces".

Sami : peuple nomade et indigène d'Europe qui a subi la colonisation et l'evangelisation. Les Sami vivent entre la Suède, la Norvège, la Finlande et la Russie

Journal d'une nuit polaire a été joué dans le cadre du festival L'Alsace (se) raconte